Charles (VII), dauphin et régent, au nom de Charles VI (1418-1422). Double d’or ND (1420), Angers (ou Tours ?).

Charles (VII), dauphin et régent, au nom de Charles VI (1418-1422). Double d’or ND (1420), Angers (ou Tours ?).
Av. + KAROLVS: DEI: GRA: FRANCORVM: REX. Le Roi assis de face sur une chaise curule, entre deux écus de France, avec deux lions à ses pieds, tenant l’épée et le sceptre, dans un polylobe tréflé. Rv. + XPC: VINCIT: XPC: REGNAT: XPC: IMPERAT. Croix tréflée et feuillue, avec globule en cœur dans un petit quadrilobe, cantonnée de quatre lis, le tout dans un quadrilobe anglé accosté de lis.
Dy.414 - Fr.286 ; Or - 6,18 g - 32 mm - 4 h
Sur un flan assez large et de forme assez régulière, à la frappe soignée, sans trop de faiblesses. Aspect brillant uniforme (léger nettoyage). C’est le second exemplaire connu pour cet atelier ! De la plus grande rareté. Superbe à Fleur de coin.
Le double d’or du Dauphin Charles, Régent, au nom du Roi est une monnaie de grande rareté, signalée la première fois par Leblanc dans ses Tables, qui font commencer cette fabrication le 24 octobre 1419. Différents manuscrits, cités par De Saulcy dans son tome II p.241 (BnF NAF 471, BnF ms.148, BnF ms.5524, BnF registre de Lautier, Monnaie de Paris manuscrit Poullain), citent aussi cette monnaie. La plus ancienne représentation actuellement connue d’un double d’or se trouve dans le manuscrit NAF 471 de la Bibliothèque nationale de France, f° 78, d’une main du XVe siècle : IMAGE XXXXXXXXX Item, plus en celuy an [1419] ordonna le roy faire doubles d’or apellés chayres qui poysant IIII deniers XVIII grains à III sols IIII deniers de poys et avoyent cours pour VIII livres tournois, et sont faiz à XXIII caratz. A. Dieudonné dans son Catalogue des monnaies françaises de la Bibliothèque nationale, p.211, avance quant à lui la date du 11 juin 1420. D’après J. Lafaurie, les doubles d’or ont été ordonnés en août 1420, peut-être dès fin juillet, pour une fabrication qui dura jusqu’en février 1421 (tome I, p. 88). Les textes réglementaires (ordonnance, mandement des généraux maîtres des Monnaies) n’ont pas été conservés et les documents faisant mention de doubles d’or (ou de demis-doubles) sont peu nombreux. On peut citer : - une ordonnance du 24 août 1420 : « deniers d’or fin appellez doubles d’or, qui auront cours et soyent pris et mis pour huit livres tournois pièce » (Ordonnances des rois de France de la troisième race, t. XI, p. 101). - une lettre du gouverneur du Dauphiné du 21 septembre 1420, adressée aux gardes de la Monnaie de Romans sur la fabrication des monnaies : « doubles d’or fin, ayant cours pour 8 livres tournois, à demi-carat de remède, et de 40 de poids au marc de Paris » (Archives départementales de l’Isère, Secondus Registrum Litterarum, f° 17r°, d’après Morin, p. 243-244 et De Saulcy, t. II, p. 270). - les comptes de l’atelier de Poitiers qui mentionnent à la date du 29 octobre 1420 une délivrance de « deniers d’or fin, appellez demis-doubles », de 80 pièces au marc. (Archives nationales, Z1b 936, d’après De Saulcy, t. II p. 273-274). - les comptes de l’atelier d’Angers qui font état au 5 novembre 1420 de frappes de « deniers d’or fin appelés demi-doubles », à 24 carats et de 80 pièces au marc (Archives nationales, Z1b 818, d’après De Saulcy, t. II, p. 274). Il conviendrait donc plutôt de penser que le double d’or a été créé par le dauphin en octobre 1419 et frappé dans les ateliers de son obéissance pendant quelques mois et qu’il a été ordonné à un titre de 24 carats (1 000 ‰), pour un poids de 40 pièces au marc (6,118 g) et un cours établi à 8 livres tournois. Si les exemplaires de La Rochelle sont connus par une dizaine d’exemplaires, notre exemplaire est d’un atelier différent, et donné à Tours pour Lafaurie ou Duplessy. Le premier exemplaire connu présent dans la vente Leu du 8 mai 2001 n° 545 est sans contestation possible l’exemplaire de la vente É. Bourgey du 1er décembre 1965, n° 21 (estimé 50 000 / 60 000 francs) et antérieurement collection De Marchéville n° 979 (vente L. Ciani, 22-26 novembre 1927, adjugé à 50 000 francs). C’est cet exemplaire, avec point 7e au droit et annelet pointé 6e au revers qui est donné pour Tours. L’exemplaire de notre vente n’est pas de même coin de droit que celui de la vente Leu-Marchéville. On remarque notamment que le sceptre est torsadé alors qu’il est lisse sur l’exemplaire Leu-Marchéville. En revanche il semble qu’il soit de même coin de revers, autant qu’il soit possible d’en juger à partir du catalogue Leu ou Marchéville. PCGS a refusé de grader notre exemplaire jugé “authenticity unverifiable” mais l’authenticité de la pièce ne fait aucun doute quant à la gravure : finesse des détails du manteau royal, haut de l’épée qui passe sous le lobe, (comme sur l’exemplaire Leu), lis et feuilles au bout des bras de la croix conformes au revers, lettres et ponctuation des légendes du droit et du revers conformes, etc.. Les comptes de Tours ou d’Angers pour les doubles d’or manquent, mais on note toutefois qu’Angers frappe des demi-doubles, et que le point est 7e au droit ! Nous serions donc tentés de donner ce double d’or à l’atelier d’Angers, sous réserve, plutôt qu’à Tours. Seuls deux exemplaires sont connus pour cet atelier ! [Cf. Castellane (comte de).- Le double d’or au nom de Charles VI, d’après les documents officiels.- Annuaire de la Société française de numismatique.- 1893.- p. 329-332] NB : Le demi-double de La Rochelle (Dy.415) n’est connu que par l’exemplaire publié dans la Gazette Numismatique Française de 1898, passé en vente Marchéville n° 981, puis Motte n° 268 et enfin présenté dans la vente Gallia en 1987 : il est alors acquis par le Cabinet des Médailles de la BnF. Un second exemplaire est signalé par Duplessy en 1999 qui porte à deux les exemplaires connus, tous deux pour La Rochelle. Les exemplaires d’Angers ou Poitiers, fabrications attestées par les archives, n’ont pas été retrouvés